Xavier Magnée Paris Match
Xavier Magnée, l’avocat du diable.
En matière de justice, il a marqué de son empreinte les dix dernières années. Confession inédite d’un homme double.
On l’appelle «le Vergès belge»: Marc Dutroux (2004), Geneviève Lhermitte (2008), le papa du petit Younès (2009) ont conforté cette réputation en l’appelant pour assurer leur défense. Ces dix dernières années ont solidifié sa carrière d’avocat brillant, anticonformiste, qui se délecte de l’impossible. Et qui prend un plaisir fou à lancer des phrases fortes, déstabilisantes, de ces réflexions philosophiques ou de ces petites anecdotes qui font les grandes plaidoiries. Un jour, il a même défendu son client avec les aventures de «Lucky Luke» sous le bras. L’homme dont «le plus cher bonheur serait de faire un infarctus en plaidant» a l’art du pied de nez. Mais face à Michel Bouffioux, pour Paris Match, il a brutalement tombé le masque. Pour révéler ses troublantes vérités. «Le défenseur du pire» à cœur ouvert: «Le diable est certainement un grand seigneur. Il a le charme et la classe de tous les escrocs.»
Fier et conquérant, Xavier Magnée affirme que son éloquence est naturelle: «J’aime le panache, la volonté de ne pas me laisser dire. Un président de cour d’assises m’a un jour lancé: «Et maintenant, assis!» Je lui ai répondu: «Debout pour me le dire!» Comme l’a déclaré Edmond Rostand à l’Académie française: «Messieurs, vous me demandez ce qu’est le panache? C’est l’honneur d’être une cible.»
«C’est poignant de faire de plus en plus attention au cœur des gens. Je suis de bonne écoute. Instinctivement, beaucoup de personnes le ressentent et viennent chez moi comme on irait chez un Don Bosco doublé d’un Saint-Just.» «Le moteur de mon existence est ancien», confie Xavier Magnée.
«Si ma motivation est intacte, elle vient de loin. Pas une blessure d’enfance, mais tout de même une épreuve. J’étais fils unique et la séparation de mes parents, survenue en 1945, fut brûlante. Et constructive.
Cela m’a fait découvrir que chaque épreuve permet de mieux comprendre les autres et de grandir. La peau n’est jamais si solide qu’à l’endroit des cicatrices. J’ai eu cette réaction de me battre contre l’adversité. Et puis, j’ai commencé à plaider: je défendais toujours papa chez maman et maman chez papa. C’est peut-être de là que tout vient.»
«Le bonheur, c’est d’avoir encore le projet de réaliser quelque chose de bien. Chaque dossier qui rentre est une nouvelle bataille.»