José Manuel Barroso, Président de la Commission Européenne pour Paris Match
Monsieur Europe tombe le masque.
José Manuel Barroso choisit Paris Match pour livrer son testament personnel à la veille de son départ.
Il sourit, non pour défier les critiques qui s’abattent sur l’Europe et sur sa personne, mais par fierté légitime. Unique président de la Commission européenne à avoir exercé deux mandats consécutifs à ce poste, soit dix ans, José Manuel Barroso est effectivement le héros d’une destinée exceptionnelle.
Étudiant rebelle et politique révolutionnaire, il participe activement à la Révolution des Œillets du 25 avril 1974, qui met fin à la dictature salazariste, en vigueur au Portugal depuis 1933. Elu et réélu député à six reprises, il est promu ministre des Affaires étrangères à 36 ans seulement. Après avoir gagné les élections législatives de 2002, il emporte le portefeuille de Premier ministre. Et depuis le 22 juillet 2004, il préside aux destinées de l’Europe. Au moment où ses successeurs potentiels (le Français Michel Barnier, le Luxembourgeois Jean-Paul Juncker, l’Allemand Martin Schulz, même le Belge Guy Verhofstadt) se pressent au portillon, il livre son vrai visage.
Janvier 2014, la Commission européenne à Bruxelles. Né le 23 mars 1956 à Lisbonne, José Manuel Durão Barroso est l’homme le plus puissant d’Europe depuis le 22 juillet 2004.
Du haut du Berlaymont, il peut scruter l’avenir.
Le président de la Commission européenne est installé au treizième étage du Berlaymont, où un canapé-lit lui permet même de regagner le sommeil oublié dans un agenda démentiel.
S’il lui suffisait de se couper en quatre, sa tâche aurait sans doute été plus aisée. Écartelé entre vingt-huit pays et autant d’hommes d’État, José Manuel Barroso semble enjamber les états d’âme et les conflits européens
avec le sourire énigmatique du souverain discret. Si la Joconde avait eu droit à un pendant masculin, sans doute aurait-elle pris ses traits. En dix ans de présidence à la Commission européenne, le Portugais a pourtant vu voler les coups et lever les boucliers au point d’apprendre à se protéger. Les piques, les escarmouches politiques le labellisant comme « carburant du Front national » ou protecteur des grands pays ne le pincent plus. L’homme en sourit : « Je suis là pour défendre l’intérêt général européen.
Je ne reçois pas d’ordre de mon propre pays, comment pourrais-je accepter des consignes de la France ou de l’Allemagne ? C’est simplement ridicule. » Déposant les fleurs envoyées, ajustant jusqu’au millimètre les rideaux de son bureau afin de ne pas laisser le soleil le frapper, sa garde rapprochée semble vouloir le défendre envers et contre tout.
Contre lui-même, peut-être. Pudique, l’homme le plus puissant d’Europe ne s’était d’ailleurs jamais dévoilé. Pour la première fois, José Manuel Barroso sort de sa réserve. En allant jusqu’à l’intime.
José Manuel Barroso sera le mardi 11 février au château Sainte-Anne à Bruxelles dans le cadre des déjeuners-conférences de la World Trade Center
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