François De Brigode, journaliste à la RTBF, présente ses photos de nuages.
Il n’est point de bonheur sans nuage.
Monument de l’info télé en Belgique, François De Brigode expose ses photos personnelles. Et fait la nique aux clichés.
Journaliste de la RTBF, présentateur à succès du JT depuis 1997, François De Brigode vit un rêve éveillé : il expose ses premières photos dans l’une des galeries les plus prestigieuses de Bruxelles. Qu’importent les critiques, qu’il est prêt à endurer. Il le dit et il l’explique. Son nom lui offre-t-il donc cette audace, alors que tant de photographes rament dans l’ombre ? L’artiste qui pointe derrière le journaliste le sait mieux que quiconque : il n’est point de bonheur sans nuage. ça tombe bien : c’est en regardant le ciel à travers son objectif qu’il s’est trouvé un second avenir. Tout aussi passionnant.
Le roi du JT transformé en photographe passionné : à partir de ce 13 février, François De Brigode expose ses « Nuages » à la Young Gallery à Bruxelles.
Le jour où le monde basculait.
Nous étions le vendredi 16 janvier. Se moquant éperdument du week-end triomphant et des soirées déjà programmées, l’actualité avait choisi sa gueule de plomb, ses airs de tragédie et son faciès figé. Nous étions le vendredi 16 janvier et, entre les prises d’otages de Damartin et de Vincennes, la France et le monde avec elle s’étaient mis à l’arrêt. Sans la moindre action syndicale. Sans la moindre rudesse d’une annonce gouvernementale. Nous étions encore et toujours le vendredi 16 janvier lorsque François De Brigode nous accueillit à son domicile, hésitant parfois entre les bras ouverts et le regard fermé : « Comprenez-moi, je suis d’abord journaliste. Cela fait désormais trente ans que je fais ce métier et je ne peux ni m’endormir ni me lever sans m’accrocher à ma tablette et aux informations qui viennent de tomber. » Entre les alertes « push » d’un smartphone inhabituellement éveillé et les signaux discrets de sa compagne sur les dernières évolutions de l’actualité, le François De Brigode journaliste parvint pourtant à laisser le François De Brigode photographe s’installer. Sans jouer des coudes. Sans partie de schizophrénie. Sans esprit de rivalité. Car après avoir tenu sa passion photographique dans une relative discrétion, le journaliste numéro 1 de la RTBF met aujourd’hui ses négatifs en lumière et s’expose. Une salle de parascolaire ou une ancienne classe d’athénée aurait sans doute suffi à son bonheur de photographe, mais l’insistance d’une des plus prestigieuses galeries du pays en décida autrement : « Je ne pourrai jamais empêcher certains de penser que mon nom m’a aidé dans cette aventure, mais comment lutter contre une telle idée, à part en répétant que j’ai jamais appuyé sur aucun piston pour y arriver ? Au départ, j’ai simplement cédé à la mode des réseaux sociaux en publiant quelques-unes de mes photos sur Facebook. Pourquoi les avoir ainsi jetées hors de ma stricte intimité ? En fait, tout cela était assez spontané. Peut-être était-ce pour flatter mon ego ou pour me rassurer. Je ne le pense pas, mais j’aurais tort de le jurer. Ces photos ont plu et les gens furent de plus en plus nombreux à me suggérer l’idée d’exposer. J’ai été voir des galeristes comme Jacques Cerami en leur demandant d’oublier que ces photos portaient la signature De Brigode et de ne les juger que pour elles-mêmes. Et voilà que, quelques mois plus tard, je me retrouve exposé à la Young Gallery, avec l’impression de descendre d’un rêve éveillé. » Un rêve sincère et spontané. Un rêve dont l’éveil semble du reste résister à tous les clichés.
« Le ciel ne raconte jamais les mêmes histoires, les nuages travaillent sans cesse pour nous sortir de l’ennui. » (Richard David Precht)